Collégiale St Martin

* LA VIDÉO DE LA COLLÉGIALE (suivre le lien)

Horaires d’ouverture de l’édifice :

  • Période d’hiver du 1er Octobre au 31 Mars : 08h30 / 18h30
  • Période d’été du 1er Avril au 30 Septembre : 08h00 / 20h00.

L’extérieur

La première chose que l’on voit de la Collégiale, c’est sa tour clocher. De loin, à l’Ouest, elle signe la présence du village, à son pied, elle écrase de sa présence… Elle seule, extérieurement permet de comprendre la taille de l’édifice. Hélas, le terrain qui entoure la collégiale est privé et “on ne visite pas”… Ou alors il faut courir plus vite que les -gros- chiens du propriétaire.

La façade ouest était différente de celle que nous lui connaissons de nos jours, en particulier pour ce qui concerne l’entrée principale.

Le dessin qui orne la couverture de la brochure de Marcel LACROIX révèle l’existence, en des temps plus anciens, d’un porche dont l’importance n’est pas négligeable.

Le croquis présenté ci-contre (éch. originale : 1/100) (1) permet d’en connaître précisément les dimensions et certains détails architecturaux.

Ce porche mesurait donc 6,7 mètres de large, sa panne sablière était à une hauteur de 5 mètres et sa faîtière culminait à 10 mètres de haut.

Des murets, d’une hauteur de 1,30 mètre, le ceinturaient à sa base.

Les deux colonnes frontales étaient très certainement montées en briques, partiellement badigeonnées.

L’extrait de plan présenté ci-dessous (2) permet de dire que sa profondeur était de 3 mètres.

Lors de la réunion du conseil municipal du 3 juillet 1851 (3), il était donné lecture d’une lettre de Monsieur GARRÉ, architecte du gouvernement, en date du 21 juin, qui demandait à ce que la commune fasse enlever ce porche, comme nuisible au monument. Le conseil municipal, considérant l’inutilité de ce porche, en proposait la démolition.

La vente des matériaux provenant de cette démolition devait être faite par le maire, accompagné de deux membres du conseil municipal, d’ici une quinzaine, par adjudication au plus offrant, payable dans un délai de quatre mois.

Vu ce qui est indiqué plus haut, la vétusté ne semble donc pas avoir été l’élément décisionnel. L’esthétique apparaît comme plus important dans le choix de procéder à la démolition de ce porche.

La tour-clocher

Haute de 28 mètres, accolé au côté nord, elle a été vraisemblablement construite en deux fois. Le bas est parfaitement raccordé à la nef. Le haut, qui contenait les cloches doit dater du chœur.

Le haut de la tour est muni d’une tourelle en haut de l’escalier. Certaines gravures anciennes ne montrent pas cette tourelle. La forme du haut du clocher semble indiquer qu’il devrait avoir une forme différente, avec une flèche en pierre. Peut-être même qu’il a eu à une époque une telle flèche.

Les photos anciennes du beffroi montrent qu’il a été remanié (nombre d’ouverture par baie, position de l’horloge). Il abritait au début six cloches (Sainte Martine, Sainte Marie, sainte Fare, Sainte Dôme, sainte Adélaïde et Saint Pierre – de 1100 à 150 kg). En octobre 1793, cinq ont été descendue pour être fondue en canon. On y a accès par un escalier en colimaçon en pierre puis par une échelle en bois située dans le beffroi. La cloche se situe en dessous du mécanisme de l’horloge.

La cloche est recouverte de fiente de pigeons (comme dans beaucoup de cas malheureusement).

La cloche est électrifiée tant pour les grandes sonneries en volées que pour le tintement des heures. On remarque d’ailleurs la présence d’un marteau extérieur sur le côté. (Il est actuellement interdit par l’architecte des Bâtiments de France de mettre la cloche en mouvement, pour une fragilité supposée de la tour).

Le mouton (partie supérieure qui tient la cloche) a été changé. Il est en acier. Je pense que c’est une ancienne poutre qui a été découpée pour en faire un support. On peut regretter la non conservation d’un support en bois qui aurait donné encore plus de cachet à l’ensemble (compte tenu de la qualité des charpentes).

@ Image : base Palissy

@ Photo : Vivien Rougemont


La cloche : ” Marie “

Elle a été classée le 2 octobre 1942 au titre des monuments historique.

Elle date de 1730 et a été fondue par Jacques et Louis GADIVEAU.

Son diamètre est de 132 cm et sa hauteur de 113 cm

Sa note serait proche d’un Do# 3 et son poids de 1720 Kg

5 lignes de texte de dégagent tout autour de son cerveau (qui est le haut de la cloche). Il dit ceci :

Ligne 1 : ”  LAN DE GRACE M DCC XXX SOUS LE REGNE DE LOUIS XV IAY ETE FONDUE AUX FRAIS ET DEPENDS DE M M DOMINIQUE DE

Ligne 2 : à MORMANT MARIN GUEAU CHANTRE IOSEPH ALEXANDRE MORISSET ANDRIEN LIEBAULT FRANCOIS CHARCOT JEAN ROBERT CHARLES

Ligne 3 : JGNACE PICON HENRY CLAUDE GOUBERT SEBASTIEN MARTIN LOUIS FRANCOIS COQUETERRE PIERRE CLOUET

Ligne 4 : à ETIENNE GUENYARD PREUOT TOUS CHAMOINES DE LEGLISE ROYALE ET COLLEGIALE DE ST MARTIN DE CHAMPEAUX ET PAR MES DIT SIEURS

Ligne 5 : à IAY ETE NOMMEE MARIE ”

Est écrit sur la pince de nom du fondeur :

” JACQUES ET LOUIS GAUDIUEAU NATIES DE MORMANT MONT FAIT “

Effigies : une croix sur piédestal du côté rue et une croix avec des ornements entre des branches cotés nef.

@ photo : Vivien Rougemont


La dynastie des Gaudiveau :

La famille Gaudiveau sont des artisans fondeurs de cloches en Ile de France. Ils étaient installés à LIEUSAINT et originaires de MORMANT (Seine-et-Marne).

Léonard GODIVEAU épouse Catherine THIEBAULT eurent 8 enfants :

  • Jacques GAUDIVEAU (1625 – 1684) épouse Marie BONTE
  • Jacques GAUDIVEAU, manouvrier épouse Louise PINON et eurent 6 enfants :
    • Paul GAUDIVEAU
    • Anne GAUDIVEAU (1686 – 1711)
    • Jacques GAUDIVEAU : fondeur de cloche, marié à Marie VAQUIER en 1716. Il décède à Mormant le 1 décembre 1770.
    • Jeanne GAUDIVEAU (1690 – 1692)
    • Anne GAUDIVEAU
    • Louis GAUDIVEAU (1695 – 1764) fondeur de cloche à Mormant. Il eut 7 enfants (4 filles et 3 fils).

Son frère Jacques eut quant à lui 3 filles et 4 fils dont :

  • Jean (Baptiste) GAUDIVEAU (1726 – 1767), fondeur de cloches
  • Jacques, Jean-Charles GAUDIVEAU (1758 – 1858), fondeur de cloche à Mormant, jusqu’à la Révolution Française ou il dut se convertir comme aubergiste.

Il reste aujourd’hui Sainte Marie (675 kg), qui jusqu’à peu (2001 ?) sonnait encore Mâtines, Angélus et Vêpres et qui continue d’égrainer les heures, sauf pendant les concerts et enregistrements de musique sacrée. Après la fin 2006, le mécanisme est tombé en panne et on ne peut plus se fier au son de cloche pour connaître l’heure que depuis la réparation.

Le public accède en haut du clocher par un escalier escarpé uniquement lors d’occasions spéciales et encadrées, comme cela a été le cas lors des journées du patrimoine 2001 (accès actuellement interdit, en attente de travaux).

L’intérieur

En règle générale, l’impression sur les visiteurs est à chaque fois la même… La façade semble assez petite et nue pour qui connait les grandes églises gothiques de la région mais une fois passé la porte, la taille de l’édifice saute aux yeux, surtout avec la lumière du soleil, quand il est à l’ouest, qui fait ressortir la blancheur de la pierre… Enfin aujourd’hui car elle a été peinte comme en témoigne quelques vestiges. On sait qu’un jugement dernier peint existait sur le portail, on peut encore apercevoir des fresques derrière les murs du chœur.

Commencé vers 1160, elle est terminée vers 1315.

Le transept

L’influence romane est si grande qu’on suppose que c’est la première partie construite. En 1180, il serait terminé. Les voutes d’ogives sont dites “en blocage”.

La nef

Elle aurait été finie vers 1220. Au long de sa construction, on voit clairement les influences qu’elle a subi en passant de l’évêché de Sens à celui de Meaux, Sitôt passé l’entrée, on peut voir l’alternance des piliers solides et légers, comme dans les cathédrales de Sens pour les uns ou Notre-Dame pour les autres… Sans oublier que la Brie était à cette époque ballotée entre Royaume de France et Comté de Champagne.
Ces colonnes terminent les ogives principales (les grosses) et les ogives secondaires (les fines) des voutes en six parties.

Trois fenêtres ouvrent la façade, plus une fenêtre ronde ouverte récemment et agrémentée d’un vitrail contemporain.

Les fenêtres latérales, rehaussées – de l’extérieur on peut voir l’ancien tracé – ce qui fait dire à certains que la collégiale devait servir de donjon – sont surmontés par des oculi. Ceux-ci auraient pour but d’alléger le mur qui, si il avait été en pierre, aurait trop pesé sur les piliers fins. Il y a encore des fenêtres au niveau supérieur, au dessus des oculi.

La majorité des vitraux qui les décorent, du XVIe, sont de maîtres verriers melunais.

Une sorte de grenier existe derrière ce mur.

Le chœur

C’est vers 1270 que les travaux reprennent pour le chœur. Les ventes d’indulgences semblent avoir contribué à remplir la bourse du chapitre que la construction de la nef avait mis à plat.

Une petite crypte existe sous le chœur, de nos jours inaccessibles, des Campéliens nous ont dit avoir joué dedans.

Sources

  • (1) (2) : Extraits de l’Atlas historique archéologique de Lucien Joseph PRUNOT de ROSNY, correspondant du Ministère de l’Instruction Publique, la Société royale des antiquaires de France (offert à la bibliothèque de Melun par Horace de CHOISEUL, député, en mars 1877) (Astrolabe de Melun, cote : HL 4e 001).
  • (3) : Archives municipales.

Informations complémentaires disponibles sur Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Saint-Martin_de_Champeaux