Les édifices publics

Mairie et écoles

Comme dans sûrement beaucoup de communes françaises, la création d’une mairie à Champeaux, ne date pas de 1790, année de la nomination du premier maire Pierre Gradoux, et de son conseil municipal.

Il fallait attendre le 28 août 1825, pour qu’une “chambre communale” soit établie dans la première travée du bas-côté sud de la Collégiale, moyennant un loyer annuel de 250 francs, pour la tenue des séances du conseil municipal.

Pendant vingt-huit ans, les réunions du conseil municipal, se sont faites à cet endroit.

Le 28 août 1853, le conseil était d’avis d’acquérir la maison de madame Duvillard [1], pour en faire une “maison d’école”; pourtant, à cette époque, il n’était apparemment pas encore question de mairie.

Les devis et plans de monsieur Mangeon, architecte départemental, étaient acceptés le 5 mars 1854, et le 23 août de la même année, était examiné le financement global de l’opération(acquisition et travaux) qui s’élevait à 24 600 francs [2], dont 6000 francs servant à l’acquisition de la maison.

Le 20 février 1855, une proposition du préfet de Seine-et-Marne, pour l’acquisition d’une maison et dépendances appartenant à mesdames Garnot et Briant, était rejetée par le conseil municipal qui conservait la maison de Madame Duvillard.

Le plan de construction de monsieur Mangeon, était accepté le 26 février 1856, par cinq voix contre cinq, avec voix prépondérante du maire, jean Pierre Grandin. Toutefois, le 1er juin suivant, le devis de ce même Mangeon était refusé par huit voix contre six;en effet, pour cette décision, le conseil municipal était “renforcé” par quatre des plus imposés de la commune.

Le 5 décembre 1856, le devis des travaux était fixé à un maximum de 12 000 francs. Ce même jour, était fixées les dimensions finales de l’ensemble : douze mètres de long et sept mètres de large. En outre celui-ci devait comporter un bûcher et un bâtiment à pompe, pour le matériel d’incendie.

De début 1857, jusqu’à la réunion du conseil municipal du 22 mars 1859, se produisaient bien des tergiversations et changements de décisions.

L’adjudication de la construction était confiée le 1er mai 1859, à Jean-Baptiste Coutant, maître-maçon demeurant à St Méry, et aussi seul adjudicataire !

Pour la première fois, il était fait mention de la construction groupée d’une mairie, d’une école et d’un magasin à pompe, dans le compte-rendu de la réunion du 30 août 1859, au cours de laquelle, le conseil municipal s’engageait à faire un emprunt de 14 400 francs, par vois de publicité auprès des particuliers, au moyen de soixante-douze actions de 200 francs, remboursables au porteur avec intérêts de cinq pour cent, à partir du jour de la publication.

La réception définitive était faite le 15 février 1861.

Le 30 mai 1861, le montant définitif de l’ensemble des travaux était annoncé à 24 484,55 francs, comprenant les travaux de clôture de la cour de l’école, réalisés en 1860, par Jean-Baptiste Coutant, maçon et Louis Joseph Valentin Meurgé, serrurier demeurant à Champeaux. L’importance de la somme, conduisait la commune à faire une “demande de secours” au ministre de l’Instruction Publique.

La première classe laïque, pour les filles, était créée par décision du conseil municipal du 22 février 1864, et opérationnelle à compter du 1er mars de la même année.

La salle de classe des garçons était alors d’une superficie de vingt-deux mètres carrés, réglementairement acceptables pour vingt-cinq élèves. Seulement, à cette époque, l’effectif des garçons était de quarante-cinq !

Le 28 février 1866, était donc décidé l’agrandissement de la salle des garçons, par suppression de la cloison en bois, la séparant de la classe des filles qui devait donc être recrée, soit par allongement de l’école d’environ 5 mètres, soit par transformation du magasin de la pompe à incendie, attenant au bâtiment d’école. C’était finalement la deuxième solution qui était retenue, le 24 mai 1866, pour être terminée le 1er novembre de la même année, et réalisée par des ouvriers résidants à Champeaux.

Mais, c’était compter sans le maire, Louis Clair Sintier, qui, comme le mentionne le compte-rendu de la séance du 20 novembre 1866, était opposé à la réalisation de ces aménagements, et bloquait le dossier depuis plus d’un mois ! En raison de quoi, le conseil demandait au préfet, de bien vouloir inviter le maire, à souscrire un traité de gré à gré, avec un entrepreneur, pour ces travaux estimés à 2 200 francs [3]. Rien n’y faisait, puisque le 15 février 1867, le conseil renouvelait son étonnement de le voir encore ajourner les travaux, et le prévenait que dans un délai de vingt jours, il prierait le préfet de nommer un “délégué” pour le suppléer ! Finalement, tout rentrait dans l’ordre, et le 12 mai de la même année, le traité de gré à gré, passé avec Jean-Baptiste Coutant, maçon, était approuvé, pour des travaux devant se terminer le 31 juillet 1867. Ont également œuvré à ces travaux, Gabriel Hubert Dithiot, menuisier, et Théophile Ruotte, peintre, tous deux de Champeaux.

Le pavage de la cour de la mairie et des écoles date du 2ème semestre 1895, et avait été exécuté par Mr Burdon, paveur demeurant à Bombon.

La réunion du 21 novembre 1930, voyait le conseil municipal émettre le vœu que soient créées des classes mixtes, et construit un préau en vue de la remise des prix. Pourtant, la construction de ce dernier n’était décidée que lors de la réunion du 21 juin 1935, et terminée en novembre de la même année. C’est de cette époque que date également le préau de l’école dite “enfantine”(située rue Sainte Fare).

La création d’une 2ème classe à l’école des garçons, était décidé le 12 octobre 1956, avec aménagement d’une salle provisoire, sous le préau, en même temps qu’était demandé un devis, pour une construction définitive, en prolongement des deux classes existantes. Cette dernière était adoptée le 12 janvier 1957, pour deux nouvelles salle de classe.

Le 24 août 1974, le conseil décidait le transfert de l’école maternelle, rue Sainte Fare.

[1] emplacement de l’actuelle “Maison des Associations”.
[2] 24600 francs de 1854, valant environ 545000 francs de 2000.
[3] 2200 francs de 1866, valant environ 48000 francs de 2000.


Poste, télégraphe et téléphone

Avant de se pencher sur ce qui s’est passé à Champeaux, quelques rappels s’imposent. Le premier tarif postal, entre Paris et quelques grandes villes, voyait le jour en 1627. En 1801, un arrêté attribuait à l’Etat, le monopole du transport des lettres qui étaient distribuées tous les jours de la semaine, y compris le dimanche. Il fallait attendre 1941, pour voir la distribution dominicale supprimée. Revenons maintenant à Champeaux.

Le 11 mai 1806, Louis François Cornillot, alors boulanger du village, était nommé facteur, pour emmener tous les jours pairs de chaque mois, les lettres à la poste de Guignes, en remplacement de la veuve Carouget, démissionnaire.

Le 23 juin 1824, le conseil municipal exprimait le souhait que sa correspondance arrive par le bureau de poste de Guignes, et ce jusqu’en 1875.

Il fallait donc attendre la réunion du 18 novembre 1875, pour que le conseil demande la création d’un bureau de poste, avec en cas d’impossibilité, l’établissement d’au moins une simple distribution. L’administration des Postes ne donnait pas suite à cette demande qui était réitérée le 22 février 1877; mais là encore pas de réponse.

Le 4 août 1881, le conseil municipal désirant vivement ce bureau de poste, décidait d’adresser au ministre des Postes, une nouvelle demande, en s’engageant à prendre à sa charge le “logement” du dit bureau, pendant dix-huit ans. Cette fois, les réponses du ministre et du préfet incitaient le conseil à constituer, le 7 février 1882, une commission devant s’occuper de trouver un local pour héberger le bureau en question.

Le 12 février suivant, les maisons de Jean Baptiste Coutant et de Quentin Désiré Quint, étaient déclarées comme étant les plus “propres” à ce service.
L’acceptation de la création de ce bureau, était officialisée par un courrier ministériel du 18 octobre 1882, imposant en outre les trois closes suivantes, à la commune :
* Payer 1600 francs
* Pourvoir, s’il y avait lieu, à l’agrandissement du bureau, pour l’installation du télégraphe
* Assurer la distribution gratuite des télégrammes, sur toute l’étendue de la commune

C’était finalement la maison de Jean Baptiste Coutant [1], qui était retenue. Le conseil municipal lui votait une indemnité de 229,50 francs, et le bail sous seing privé, pour la location de cette maison, était accepté le 15 mai 1883

Le bureau télégraphique était ouvert le 7 mai 1883. [2].

En 1885, le poste de facteur du télégraphe était tenu par Joseph Corneveaux, et celui de receveuse par madame Danenberger. Cette dernière, comme mentionné dans le compte-rendu de réunion du conseil du 28 juin 1888, touchait vingt francs, pour afficher le bulletin météorologique !

Avant 1890, la receveuse était madame Brogat, fonction qu’elle occupait au moins jusqu’en 1913.

L’enregistrement du renouvellement du bail, pour neuf années nouvelles, à Jean Baptiste Coutant, se faisait le 26 janvier 1891.

Le 18 septembre de la même année, il était signalé de grosses difficultés pour avoir un nouveau facteur du télégraphe, en raison du faible salaire, en regard de la charge de travail.

Fin novembre 1900, le bureau avait changé de place, et se trouvait désormais “près de la maison Vautrin” [3].

Le 24 février 1901, le conseil ne donnait pas suite à une lettre du directeur des Postes, indiquant que l’établissement du téléphone à Champeaux, s’élèverait à 6700 francs [4].

Le 28 novembre de cette année, le conseil municipal refusait la demande de fermeture du télégraphe, de 12 à 15 heures, les dimanches et jours de fête, sollicitée par l’administration des Postes et Télégraphe !

Fin décembre 1906, le conseil faisait savoir qu’il était également contre la suppression de la distribution des lettres chaque dimanche, comme pouvant gêner la population ! A cette même époque, Eugène Jean-Baptiste Alexis Chassaing, propriétaire du château d’Aunoy et conseiller municipal, proposait de faire installer le téléphone à Champeaux.

Le 2 juin 1907, le maire Raoul Coutant était autorisé à signer le projet de convention entre l’état et la commune, portant sur l’installation d’un réseau téléphonique dans le village, et aussi sur la construction d’une ligne inter-urbaine entre Melun et Champeaux. Monsieur Chassaing s’engageait à se substituer à la commune, pour faire l’avance des 7845 francs nécessaires pour ces installations, à titre gracieux et sans intérêt

La convention rectifiée suivant ces derniers éléments, était reconduite début août 1907, et devait prendre fin le 1er juillet 1927.

La demande du directeur des Postes du département, visant à supprimer la levée des lettres le dimanche à 12h55, était rejetée par le conseil, le 8 décembre 1910.

Le 28 juin 1914, il était décidé de ne pas donner suite à un projet de réalisation d’un nouveau bureau de poste que Champeaux n’avait donc plus à cette époque.

Avant 1920, la receveuse était madame Boyer, ce qui indique que Champeaux avait de nouveau un bureau de poste, qui ne devait être que loué [5]. En effet, le 13 décembre 1931, le maire Emile Géraldy lisait une lettre du propriétaire du local, qui désirait vendre son immeuble.

Le 13 janvier 1933, sur décision du ministre de l’Intérieur, il était accordé à Champeaux, une subvention de 6500 francs [6], destinée à payer le solde de l’acquisition du bureau de poste; acquisition pourtant refusée par le conseil municipal, lors des réunions des 16 mars 1933 et 10 avril 1934. Les comptes-rendus ultérieurs ne mentionnent pas ce qu’il advenait à ce sujet.

Le 13 août 1965, une lettre émanant du service des bâtiments de la direction régionales des Postes, avisait qu’à compter du 15 août de la même année, il fallait trouver dans les plus brefs délais, un nouveau local, pour y installer le bureau postal. Il était envisagé les deux possibilités suivantes :
* La maison de monsieur Chenevière, par bail
* L’immeuble de madame Vigouroux, estimé à 60 000 francs [7], et qui pouvait être acquis par la commune, pour ensuite être loué à bail, à l’administration des Postes et Télécommunications

Le 2 octobre 1965, le maire Jean-Claude Poisson, était autorisé à poursuivre les démarches et transactions, suite à la promesse de vente signée par madame Vigouroux.

L’inauguration de ce 4ème bureau de poste se faisait le 14 octobre 1967, à 16 heures [8].

[1] 1er bureau, situé à l’actuel n°18 de la rue de la Ferronnerie.
[2] courrier du directeur des Postes et des Télégraphes au Préfet de Seine-et-Marne, daté du même jour (cote : 4Op82/3, aux Archives Départementales de Seine-et-Marne)
[3] 2ème bureau, situé à l’actuel n°7 de la rue de la Ferronnerie.
[4] 6700 francs de 1901, valant environ 140000 francs de 2000.
[5] 3egrave;me bureau, situé dans l’actuelle rue Guillaume de Champeaux, pratiquement en face de l’actuel bureau.
[6] 6500 francs de 1933, valant environ 23000 francs de 2000.
[7] 60000 francs de 1965, valant environ 41000 francs de 2000.
[8] 4ème bureau, situé juste à côté de l’actuel bureau.