Les Halles
Pendant longtemps, Champeaux a eu ses halles, situées sur la place principale de village. Elles mesuraient vingt mètres de long, sur dix de large, pour une hauteur d’environ huit mètres et demi à la faîtière.
Le premier plan sur lequel elles figuraient, était le plan terrier [2] , levé en 1780, en vertu d’un ordre de l’Intendant de la Généralité, monsieur Bertier de Sauvigny, en date du 15 octobre 1777.
Elles étaient entièrement destinées à l’utilité publique, et avaient été ceinturées de murs, malgré l’opposition des habitants, pour servir de grange. Le grenier était loué aux particuliers, pour y stocker les blé, avoine et paille.
Les grains pouvaient y être battus de plein pied, sauf le vendredi qui était régulièrement jour de marché, où il était dit que l’on n’y trouvait que rarement du poisson. [3]
Ces halles n’allaient pas conserver leur aspect initial jusqu’au jour de leur démolition. En effet, lors de la réunion du conseil municipal du 3 pluviose an IV, il était fait mention d’une pétition de “citoyens habitant Champeaux”, indiquant que “le dimanche précédent, une des grandes portes était tombée en ruine et qu’au même instant, une quantité d’enfants s’étaient emparés des morceaux, avant de s’enfuir”. En conséquence, les portes restantes, une grande et deux petites, situées du côté nord, étaient vendues le même jour à trois heures du soir. De plus, il était également décidé que tous les murs seraient démolis, à l’exception de celui du pignon du couchant, et que les poteaux seraient relevés par des “jambages en matière”, car étant “endommagés par une pourriture occasionnée par différents immondices restés aux pieds desdits poteaux depuis longtemps, et qui pourroient menacer ruine si l’on y mettoit empêchement”.
Fin juillet 1816, des réparations étaient décidées pour la couverture, devant être faites, avant fin août, par Jean Louis Chevy, maçon à Champeaux, à raison de cinquante centimes la toise, fourniture exclue. Pour le règlement, par contre il fallait être patient, puisqu’il n’était prévu qu’à Noël !!
Les murs qui avaient été démolis précédemment, avaient été remplacés, avant juillet 1817, par des lisses mobiles fermées par un écrou à clef.
Le 29 mai 1863, la démolition des halles était votée, en même temps que leur reconstruction dans un autre endroit, sans précision particulière sur ce dernier.
Monsieur Jean Pierre Grandin, alors maire, faisait savoir, à la mi-novembre de la même année, qu’il avait en vue de construire les nouvelles halles, les anciennes n’étant pas encore démolies, dans une maison ayant vue sur la place, et appartenant à un nommé Alexandre Lacroix. Cette maison et ses dépendances avaient une superficie de 152 m2 environ, murs non compris, contre 182 aux anciennes. Le dénommé Lacroix en voulait 2500 francs, mais le maire, considérant son grand état de délabrement, n’en offrait de 2000 francs, plus 200 francs pour son emplacement favorable. Après avoir fait signer une promesse de vente au sieur Lacroix, le maire était autorisé à faire lever le plan des lieux, et à demander au préfet la nomination d’un expert pour procéder à l’estimation de cette maison. Il était également chargé de solliciter l’autorisation préfectorale, pour vendre les anciennes halles toujours existantes, et dont l’estimation était faite le 30 mars 1864, à 922, 30 francs, par Louis Augustin Chevy, maître maçon à Champeaux.
Le 23 juin 1864, le conseil municipal et les plus imposés faisaient volte-face, et rejetaient le projet d’acquisition de la maison Lacroix qui aurait provoqué une imposition dépassant ce qui était permis par la loi.
Le 31 août de la même année, il était donc envisagé la possibilité de construire de nouvelles halles, toujours sur la place, ayant une couverture à huit pans en zinc ou en tuiles. Pour ce faire, la croix de Sainte Fare devait être déplacée soit sur la place du Cloître, soit sur le carrefour de Malvoisine.
La vente par adjudication des matériaux provenant de la démolition des halles, était faite le 9 juillet 1865, au plus offrant et dernier enchérisseur, à l’extinction de 3 feux francs, pour la somme de 1100 francs [4], à Louis Côme Hallier, de Champeaux. Les termes de l’adjudication stipulaient qu’il devait être fait place nette de tous les matériaux, avant le 25 juillet de la même année. C’est donc bien par erreur, que Monsieur Duriot, instituteur à Champeaux, mentionnait dans sa monographie communale de 1889, la démolition des halles en 1845.
Détail intéressant, renseignant sur l’état pitoyable dans lequel se trouvaient ces anciennes halles: au terme de l’article 6 de l’adjudication, avant d’en prendre possession, pour en faire la démolition, l’adjudicataire devait remettre au sieur Emile Gorget, charpentier à Champeaux, “6 forts morceaux de bois” employés au soutènement d’une grande partie de ces halles.
Quant à la croix de Sainte Fare, bien qu’il n’ait plus été question de construire de nouvelles halles, elle était tout de même déplacée, dans le courant de 1866, sur le carrefour de Malvoisine, endroit où elle se trouve toujours de nos jours (sauf la croix en fer qui a disparu).
[1] [3] Livre de l’abbé Henry Goudemetz “Voyage de Champeaux à Meaux” (de 1785)
[2] Plan partiellement consultable aux archives départementales de Seine-et-Marne, sous la cote G 176. retour au texte
[4] 1100 francs de 1865 valant environ 24000 francs de 2000.retour au texte
Eglise paroissiale Notre-Dame
Sa démolition date de 1792, consécutivement à la Révolution.
Accolée au côté nord de la collégiale, et quasiment au contact de la tour-clocher de celle-ci, ses dimensions étaient plus modestes que sa “voisine”, et peuvent être estimées à vingt-sept mètres de long et dix de large.
Elle possédait un clocher positionné identiquement à celui de collégiale, c’est-à-dire en son angle nord-ouest.
Chapelle Saint Léonard (ou Saint Liénart)
Celle-ci était située, à l’entrée ouest du village, sur la pointe de terrain formée par l’intersection des actuelles routes départementales 57 et 215; terrain, entièrement bordé d’arbres, dont la surface était d’environ 6500 m2.
Elle figure sur un plan d’intendance de 1780.
Son existence remontait au 13ème siècle [1].
Celle-ci a été l’annexe d’une maladrerie, et a été réunie à l’Hôtel-Dieu de Champeaux, en 1695 [2].
Aux environs de 1790, monsieur Beaunier syndic de Melun, fait annoncer par affiches la vente de 685 ormes, 280 peupliers avec le bâtiment et terrains dépendant de la dite chapelle.
[1] [2] Livre de l’abbé Henry Goudemetz “Voyage de Champeaux à Meaux” (de 1785)
Moulin de Varvanne
Situé à la sortie est du village, l’existence de celui-ci remontait au moins au 15ème siècle, puisque figurant sur un plan des dîmes de Champeaux, daté de ce siècle.
De 1652, date des premiers registres paroissiaux de Champeaux, à au moins 1867, ce moulin a été exploité.
Une succursale de la “Laiterie Centrale” dont le siège était à Paris (n°148, rue du faubourg St Denis), était établie fin 1860, jusqu’au moins en 1874.
En 1889, il existait toujours, et était équipé d’une paire de meules. Son propriétaire était Louis André Basset, demeurant à Pecqueux.
Dès 1901, et au moins jusqu’en 1913, ce moulin était resté sans locataire. Ce qui n’a rien d’étonnant, puisque étant dit en ruine dès 1903. [1]
[1] Matrice des propriétés bâties de 1882 (cote aux archives départementales de Seine-et-Marne: 4P128/3)
La ferme d’Aunoy
Il ne reste de cette ferme que le pressoir, dont voici deux photos;
La première est datée de 1908, et la seconde prise récemment. Cet édifice est situé dans la partie est du parc de 16 hectares qui entoure le château d’Aunoy. Ses dimensions sont les suivantes : 8 mètres de diamètre, pour une hauteur de 13 mètres sur la pointe de la toiture.
L’extrait du plan cadastral de 1834 [1], montre qu’il était enclavé dans les bâtiments de la façade ouest, et situé à droite d’un passage donnant accès à la cour intérieure de la ferme, dont les constructions s’étalaient sur un terrain de 70 mètres de long par 50 mètres de large.
De chaque côté de l’allée qui conduisait à la ferme, et aboutissait à la route menant au moulin de Chaunoy, se trouvaient des jardins.
Dans les registres paroissiaux qui commencent en 1651, on trouve régulièrement trace de laboureurs travaillant dans cette ferme, jusqu’en 1848. Le dernier cité pour y avoir exercé de 1811 à 1848 est Jean Louis Alexandre Chamorin, époux de Marie Hélène Geneviève Dutfoy. La destruction de cette ferme, à l’exception du pressoir, s’est faite entre 1844 et 1848 [2].
[1] conservé en mairie
[2] matrice des propriétés foncières de 1835 ; cote aux A.D.77 : 4P128/1
Chapelle st-Léonard
SAINT-LEONARD, UNE RUE ET …
De nos jours à Champeaux, le vocable de Saint-Léonard n’est connu que par la rue portant ce nom. Celle-ci, que l’on trouve aussi sous le nom de Saint-Liénard, est attestée depuis au moins 1357 (1). Seule son étendue a changé au fil du temps, comme le montre l’extrait du plan cadastral de 1834 (2), présenté ci-dessous. En effet, elle comprenait alors l’actuelle rue de la Libération et la portion ouest de la rue portant de nos jours son nom.
Quittons la rue et venons-en maintenant au sujet principal de cet article, à savoir la chapelle Saint-Léonard qui n’existe plus de nos jours. Comme la chapelle Saint-Julien de Rouvray, elle n’était pas située dans la Collégiale Saint-Martin, à l’inverse des 12 autres chapelles connues sous les vocables de Notre-Dame, de Notre-Dame de Derrière, du Saint-Esprit, de Saint-Jean, de Saint-Michel, de Saint-Nicolas, de Saint-Pierre et Saint-Paul, de Saint-Sulpice, de Saint-Sulpice et Saint-Aignan, de Sainte-Catherine, de Sainte-Marie-Madeleine, et de la Vierge Marie.
Cette chapelle avait été construite avant l’an 1231, année où avait été conclu un accord, sur les offrandes de celle-ci, entre le chapelain qui en avait la charge et les prêtres de la paroisse (3).
Avant de la localiser, nous allons dire quelques mots sur son vocable. Léonard était un brillant officier et jeune seigneur de la cour de Clovis qui, ayant abjuré le paganisme après la bataille de Tolbiac, se faisait moine. Il était dit affable dans ses entretiens, fidèle à ses promesses, prodigue par ses aumônes, modeste en ses paroles, humble et simple en tout. Il refusait la nomination d’évêque que Clovis lui proposait, préférant qu’il lui soit accordé le droit de visiter les prisons et délivrer les prisonniers qu’il jugerait dignes de cette faveur.
Après avoir séjourné un temps au monastère de Micy près Orléans, il traversait le Berry, se rendait en Aquitaine et se retirait, durant 20 ans, dans une forêt près de Limoges, endroit portant actuellement le nom de Saint-Léonard-de-Noblat. Il est rapporté qu’à sa parole, une source d’eau vive était sortie de terre, pour alimenter son ermitage. Une grande quantité de malades se faisaient transporter auprès de lui, pour obtenir leur guérison et les prisonniers, échappés de leur cachot sous l’effet de ses prières, venaient lui présenter leurs fers. Il y décédait le 6 novembre 560.
Les plan d’intendance (4)et terrier (5)de Champeaux, datant d’environ 1780, montrent qu’elle était implantée sur une parcelle de terre triangulaire située dans l’intersection du chemin de Melun et de celui de Fouju, chemins qui n’avaient pas tout à fait le tracé des actuelles routes D215 et D57. Le premier plan cadastral, levé en 1834, montre qu’en cinquante ans le tracé de ces deux chemins n’avaient pas, ou très peu, changé. C’est sur un extrait de ce dernier (voir ci-contre), plus fiable que ses devanciers, qu’est esquissé en pointillé le tracé des routes D215 et D57 permettant de constater que cette chapelle serait maintenant traversée par la route menant à Fouju.
Qui dit chapelle, dit lieu de culte mais qui, au fil du temps, n’a sûrement pas toujours été fréquenté uniquement par des Campéliens, ou gens de passage, sains de corps.
Quelques mots s’imposent alors sur une terrible maladie, la lèpre. Dite “maladie des morts vivants”, elle était déjà présente en Inde, 600 ans avant Jésus-Christ. Elle voyait son extension à l’Europe favorisée et amplifiée, entre 1096 et 1291, par les Croisades. Les conciles de 567 et 583 conféraient aux évêques le soin de s’occuper des lépreux. Très tôt, son mode de contagion par contact était connu et, au 12ème et 13ème siècles, l’Eglise mettait en place un cordon sanitaire comprenant la célébration d’une cérémonie religieuse dite “separatio leprosorum” imposée à chaque personne malade et la création de maladreries permettant d’isoler, hors des villes et villages, les lépreux aussi appelés ladres. Au milieu du 13ème siècle, sous le règne de Louis IX dit Saint-Louis, 2000 léproseries étaient recensées.
En 1352, il est mentionné l’existence d’une léproserie à Champeaux, “à laquelle avoient droit d’être reçu les habitans du lieu, ceux des paroisses de Fouju, de Saint-Méry, d’Andrezel et de Quiers” (6). Il est fort possible que celle-ci ait été installée sur une parcelle proche de celle occupée par la chapelle Saint-Léonard. Cette forte probabilité est basée sur quelques éléments que nous allons maintenant parcourir.
Dans son livre “Voyage de Champeaux à Meaux”, écrit en 1785, l’abbé Henry GOUDEMETZ mentionnait que “Saint-Léonard ou Saint-Liénart fut l’annexe d’une maladrerie existant à la porte de Champeaux“. Cet élément illustre le fait que les maladreries disposaient très souvent d’une chapelle propre, comme par exemple celles de Drucourt et Fouqueville dans l’Eure. Sa présence intra-muros ne laissait donc sûrement pas beaucoup de possibilité, aux lépreux qui y étaient confinés, d’aller assister aux offices religieux dans l’église paroissiale ou la collégiale. En effet, une des rares autorisations qui pouvait leur permettre de sortir de la maladrerie, était celle accordée pour aller quêter.
Il faut aussi se souvenir que les maladreries possédaient une terre divisée en lots que chacune des personnes qui y vivaient était chargée de faire fructifier, donnant une autarcie à cette communauté. Pour la chapelle Saint-Léonard, l’extrait de plan terrier de Champeaux, présenté ci-contre, fait état d’un terrain d’une superficie de 41 perches (7), ceinturé de fossés sur la majeure partie de son pourtour et généreusement planté d’arbres. On voit également une mare sur le côté nord de la chapelle, ainsi qu’une croix dans la pointe est. Petite remarque, le sens de l’écriture est dû au fait qu’à cette époque, les plans n’étaient pas systématiquement réalisés, comme maintenant, avec le nord en haut !
Au fil des siècles, l’existence de la chapelle Saint-Léonard est confirmée au travers de divers textes (8)dont nous allons voir quelques extraits.
Le 20 octobre 1467, par son testament, Guillaume BIDAUT prêtre lègue, à la communauté de l’Eglise Saint-Martin de Champeaux, “6 arpents de terre sis proche la chapelle Saint-Léonard de Champeaux, tenant d’une part au grand chemin de Melun, d’autre part aux terres de lad.(ite) communauté…“.
Le 27 avril 1482, c’est un bail à loyer par le Chapitre de l’Eglise Saint-Martin de Champeaux, à Gautier HOULIER, maçon demeurant audit lieu, pour l’espace de 40 ans, “d’une maison, cour et jardin, le tout clos de vieilles murailles dépendant de la chapelle Saint-Léonard sise proche Champeaux et joignant icelle et de toutes les terres que ledit preneur pourra trouver dépendantes de lad.(ite) chapelle … et au moyen de ce que lad.(ite) maison et jardin sont à présent en ruine et de nulle valeur…“. Ce texte précisant bien que la chapelle et cette maison étaient proches (joignant icelle), il faut certainement en déduire que cette maison était peut-être la partie habitation de la maladrerie. Son état n’était sûrement pas étranger au fait que la lèpre se raréfiait dès la moitié du 14ème siècle et que par voie de conséquence la maladrerie avait cessé d’exister et était laissée à l’abandon.
Dans un de ses ouvrages, l’historien Gabriel LEROY mentionnait : “Année 1522 Item, à Nicolas MAçON, verrier, demeurant à Melun, pour deux verrières qu’il a faictes à la chapelle Saint-Liénard, …” Ce même Nicolas MAçON, avec Allain GOUJON, avait également fabriqué et restauré, aussi en ce début de 16ème siècle, certains vitraux de la Collégiale. Le terme de verrière était aussi parfois utilisé pour désigner des vitraux.
En mai 1544, ce sont des lettres de François 1er qui font encore état de cette chapelle, sans donner plus de renseignement sur son utilisation.
En 1695, cette chapelle était réunie à l’Hôtel-Dieu de Champeaux (9).
Les années défilaient et la Révolution de 1789 survenait. La chapelle Saint-Léonard, comme tous les autres biens mobiliers et immobiliers appartenant à l’Eglise, était alors confisquée.
Le 17 octobre 1790, Joseph LESIEUR, architecte expert nommé par le directoire du district de Melun, procédait à la ventilation et à l’estimation des arbres contenus sur le territoire de Champeaux. En fait, il ne se bornait pas seulement à fait le point des arbres, puisque pour ce qui concerne la chapelle Saint-Léonard, il notait 66 peupliers estimés à 2 livres l’unité, le petit bâtiment de la chapelle estimé à 168 livres et le terrain de 66 perches estimé à 2 livres la perche, soit un total de 432 livres (10).
Les ventilation et estimation des Biens Nationaux situés à Champeaux étaient faites le mercredi 29 décembre 1790, par Dominique Ignace CREVOULIN, expert nommé par le directoire du district de Melun, assisté de Louis Pierre CHEVILLÉ, maître maçon à Champeaux (11). L’extrait présenté ci-contre mentionne que cette chapelle comportait deux travées et qu’elle ne possédait pas de cloche. Autre précision, les peupliers étaient étêtés et mesuraient 100 pieds (12). Ces arbres avaient très certainement été plantés après 1695, car sinon il aurait été difficile de cultiver la parcelle, même si les méthodes et moyens de travailler la terre étaient alors bien différents de ceux employés de nos jours.
Une première mise en vente, par adjudication au plus offrant, était faite le 7 avril 1791. Elle ne donnait aucun résultat puisque personne ne surenchérissait. Une deuxième vente était alors programmée le 23 du même mois. Elle donnait lieu à un échange de surenchères entre Joseph LESIEUR déjà cité plus haut et un nommé DAVID. Le premier cité enlevait la vente avec une 8ème enchère à hauteur de (13).
Le 26 mars 1793, Joseph LESIEUR se présentait au secrétariat du district de Melun pour déclarer qu’il avait surenchéri pour le compte de Marie Anne Charlotte VALLERY, veuve de Jean Barthélemy MOREAU, demeurant à Paris, rue et île Saint-Louis (14).
Avant de clore le sujet, il est bon d’ajouter qu’en 1697, par décret, Louis XIV supprimait les maladreries dont les biens saisis étaient transformés en bénéfice à destination d’autres œuvres de charité. A Champeaux, nous avons vu qu’en 1695, on avait anticipé cette décision.
Pour se faire une idée plus complète de ce qu’était alors la vie d’une personne atteinte de la lèpre, il faut préciser que la cérémonie religieuse qui lui était imposée était la célébration de ses funérailles, alors qu’elle était encore vivante ! Au cours de celle-ci, elle quittait ses habits qui étaient brûlés et endossait un habit noir appelé esclavine ou housse. Après cette messe mortuaire, le malade était emmené au cimetière pour s’y étendre dans une fosse et recevoir 2 ou 3 pelletées de terre, avant que le prêtre ne prononce la formule rituelle : “Mon ami, tu es mort au monde !” Le lépreux sortait ensuite de la fosse et prenait un manteau, une ceinture, des gants, un couteau, un gobelet, une baguette de bois lui servant à désigner à distance et une crécelle. Il était ensuite conduit à l’entrée de la maladrerie où il jurait, sur les Saintes Ecritures, d’obéir au prêtre qui la dirigeait et qui était appelé prieur. Rien ne lui était épargné, surtout si l’on se rappelle que cette maladie lui laissait toute sa lucidité et qu’il se rendait donc compte de la lente et inéluctable destruction de son corps, ponctuée de crises douloureuses.
Sources et notes.
- (1) (8) : Inventaire général des Titres du Chapitre et Communauté de l’église royale et collégiale St-Martin de Champeaux, par Pascal VERDIER, archiviste et féodiste (1786) (AD.77 : G 156).
- (2) : Archives communales de Champeaux.
- (3) (6) : Essais historiques, statistiques, sur le département de Seine et Marne (chez Michelin ; 1829).
- (4) : AD.77 ; 1C 52.
- (5) : AD.77 ; G 176.
- (7) : Il s’agit sûrement de perches communes de 42,2083 m2.
- (9) : Livre “Voyage de Champeaux à Meaux”, par l’abbé Henry GOUDEMETZ (1785).
- (10) (13)(14) : Vente des Biens Nationaux ; district de Melun (AD.77 ; 1Q1080/1).
- 432 livres valaient environ 1300 euros.
- (11) : Domaines Nationaux ; établissements religieux (AD.77 ; 1Q 125).
- (12) : 100 pieds représentaient 32,48 mètres.