Le village est, pour la première fois mentionné: villa Campellis nomine – soit le domaine qui a pour nom les Petits Champs – en 612, dans le testament de Sainte Fare, sœur de Saint Faron, évêque de Meaux. Cette terre considérable était partagée entre sainte Fare et ses frères issus de Haguerre, chef du conseil de Théodebert, roi d’Austrasie.
Les variations toponymiques sont les suivantes: Campesium, Campellis in Bria, Champieurs, Champeaus en Brie, Champiaulx, Champeaux en Brie, Champpeaulx-en-Brie, Champeault et Champaux.
En 1162, le bourg de Champeaux était affranchi par charte du roi Louis VII le jeune.
Le 22 décembre 1348, Philippe VI de Valois autorisait une première foire qui se tenait annuellement le 6 novembre pour la Saint Léonard.
Une deuxième, se tenant le lundi après l’Assomption, était accordée par autorisation de François 1er, en mai 1544.
Ces deux manifestations commerciales ne semblaient pas avoir duré au-delà des troubles de la “Ligue”(1570 à 1599).
En 1352, était fondée une léproserie ; il y a tout lieu de penser qu’elle se situait sur Malvoisine, comme la toponymie de ce nom le laisse clairement supposer.
L’Hôtel-Dieu quant à lui était fondé en 1457, et situait sur l’emplacement de l’école de la rue Ste Fare.
En mai 1544, François 1er permettait aux habitants de Champeaux: “de faire clore et fermer ledit lieu, de murailles, tours, canonières, barbacanes, ponts-levis, portes, poteaux, boulevards, fossés et autres forteresses requises“. Les travaux étaient interrompus par les troubles causés par les Impériaux, et le manque de ressource. En fait, on se bornait à ceindre le bourg, suivant un plan quadrangulaire de 200 mètres de côté, de fossés, sur lesquels étaient installés trois ponts-levis, aux portes de Saint Léonard (côté Melun), de Courtenet (côté Andrezel) et de Varvanne (sur le chemin conduisant au moulin du même nom).
L’amorce maçonnée d’un des pieds de la dite porte de Varvanne subsiste encore à l’aube du 21ième siècle; elle est située quasiment en face l’entrée principale du cimetière. De nos jours, les fossés sont en grande partie comblés, sauf pour quelques tronçons subsistants au nord-ouest et au sud-est.
Ces précautions ne suffisaient bien évidemment pas à préserver Champeaux, l’après-midi du 16 septembre 1652, de la visite de Frondeurs, faisant partie des régiments du Prince de Condé, du Prince de Conty, et d’un formé d’Allemands. Cet après-midi funeste voyait le bourg pillé, les portes de la collégiale enfoncées puis brûlées, les archives, vases sacrés et ornements sacerdotaux de celle-ci détruits, l’église paroissiale Notre-Dame transformée en écurie, et deux personnes tuées, dont une par pendaison. Les registres paroissiaux ne donnent toutefois pas d’indication particulière à ce sujet, parmi les 48 inhumations enregistrées cette année-là. Cette mortalité record étant très certainement due aux épidémies de peste qui sévissaient à cette époque.
Aucun événement marquant ne s’accomplissait à Champeaux, jusqu’au jour où, après la réunion des états Généraux en 1789, et la remise des cahiers de doléances des habitants de la paroisse, la collégiale était supprimée, pas pour ce qui concerne l’édifice en lui-même, mais par la vente, comme biens nationaux à l’administration du district, de toutes les propriétés qui avaient composé, depuis des siècles, les acquis des chanoines du lieu.
Monsieur Beaunier, syndic de Melun, fait annoncer par affiches, la vente sur enchère de 685 ormes, 280 peupliers avec le bâtiment et les terrains dépendant de la chapelle Saint Léonard. La municipalité de Melun obtenait, de l’Assemblée Nationale, un décret d’aliénation en sa faveur, des biens nationaux répertoriés en 39 articles, soit en résumé : 19 maisons et 3 granges, 257000 m2 environ de terrain et arbres, 2 fermes, dites: de la Communauté de Champeaux, et du Pain du Chapitre, la halle, la collégiale, le moulin de Varvanne et ses terrains, la vinaigrerie.
La ville de Melun passait sous silence ce décret d’aliénation pendant 14 mois, avant d’en faire usage. La municipalité de Champeaux demandait en vain sa substitution à celle de Melun. Le conseil du district attendait jusqu’au Directoire, pour se défaire de tous ces biens.
L’église paroissiale Notre-Dame, adossée à la collégiale sur son côté nord, était détruite en 1792, de préférence à la collégiale dont la démolition avait été envisagée en premier. C’est ainsi que la collégiale devenait église paroissiale, fin 1791. Le premier acte à y être célébré, était le baptême de Louis Etienne CONDE, fils de Louis EDME, cordonnier et de Marie Louise GALLE, le 26 décembre 1791.
La levée de 300 000 hommes, ordonnée fin février 1793, par la Convention, donnait lieu à un fait quelque peu cocasse ; en effet, aucun volontaire ne s’étant présenté, l’assemblée des garçons (sic) était de nouveau convoquée.
Le citoyen Claude BOULARD, aîné, ayant refusé de se rendre à la mairie, était inscrit d’office. Celui-ci, par dérision, venait alors montrer son derrière aux officiers municipaux. Un mois après, il résistait toujours, mais rien n’est dit sur ce qui s’ensuivait.
Le 13 mai 1793, l’officier de gendarmerie de Melun, PLADNER, venait à Champeaux arrêter les chanoines encore présents, et faire poser des scellées sur leurs biens meublés.
En octobre 1793, 5 des 6 cloches du clocher de la collégiale sont descendues, pour être emmenées à Melun, puis sûrement à Paris.
Le 30 du même mois, le commissaire Delbas, du district de Melun, venait à Champeaux pour enlever “les métaux utiles” à la république, à savoir: chandeliers, croix, souche de cierges pascals, longe garnie de ses chaînes et un plat “fleurdelysé”.
Le 30 brumaire an II (20 novembre 1793), les citoyens rassemblés sur la place de l’Arbre de la Liberté, brûlaient les titres concernant les droits féodaux, et les “livres fanatiques” trouvés dans les maisons des chanoines.
Le 4 frimaire an II (24 novembre 1793), il semble qu’en ces moments de trouble, un certain nombre de campéliens étaient quelque peu “portés sur la bouteille”, puisque l’administration municipale réglementait les “cabarets”, par crainte de disette de vin, et à cause de la consommation qui en était faite par excès en cette commune, à savoir pas plus de deux bouteilles par buveur et par journée !
Le 24 germinal an III (13 avril 1795), 45 à 50 femmes de Champeaux arrêtaient, pour s’en saisir, une voiture de blé que la citoyenne Portant envoyait, au titre de la fourniture décadaire, au moulin de Chaunoy.
Après le 30 ventose an VI (20 mars 1798), la vie municipale semblait reprendre une relative tranquillité, puisque 160 feuilles consignaient les délibérations du conseil municipal pour 1790 et 1791, alors que pour la période 1792 à 1864, seulement 268 feuilles étaient utilisées.
L’invasion de 1814, par la coalition Autriche-Russie-Prusse, semble n’avoir laissé aucune trace à Champeaux, bien que d’importants combats eussent été livrés par Napoléon 1er contre les forces coalisées, à Guignes et Mormant, le 17 février.
Il n’en était pas de même pour le conflit franco-prussien de 1870-71.
Le 11 septembre 1870, à midi, le conseil municipal est convoqué d’urgence, pour décider des diverses mesures à prendre, en raison de l’approche de l’ennemi qui dirigeait 350 000 hommes, avec une importante cavalerie, sous les murs de Paris, pour en faire le siège.
Ce même jour, il était décidé de disposer dans les salles de classe de la commune, le plus grand nombre de lits possibles, pour recevoir les blessés des armées. Ces “ambulances militaires”, comme il était coutume de les nommer à cette époque, étaient opérationnelles dès le 14 septembre, et comprenaient vingt-cinq lits. Leur organisation était confiée au docteur LUIGGI, exerçant alors à Blandy-les-ours, avec le concours actif des instituteurs, institutrice et directrice de la salle d’asile; cette dernière, étant l’ancêtre de la classe maternelle.
Le 15 septembre 1870, l’arrivée des troupes ennemies était imminente; en effet, depuis trois jours, un camp était installé par ces dernières, entre Nangis et Courpalay; des éclaireurs prussiens paraissaient dans le courant de cette journée.
Les 20 et 21 septembre 1870, et plus particulièrement le 21, l’armée prussienne effectuait des réquisitions qui s’apparentaient à un véritable pillage.
Le 13 octobre 1870, à 9 heures du matin, un détachement de l’armée ennemie était dans le village, dirigé par un officier menaçant la commune d’une forte réquisition: cinquante vaches et deux cents moutons; après un débat assez vif, il n’était plus question que de cinq vaches et cinquante moutons.
Le 15 novembre 1870, Monsieur le maire donnait lecture d’une lettre du préfet, en date du 8 courant, demandant que les hommes célibataires, veufs sans enfants, et ceux de la classe 70, de la commune, se dirigent immédiatement sur Souppes-sur-Loing, pour y être armés et équipés.
Les hommes concernés par cette mesure, étaient:
Jean-Baptiste BOISSEAU, charretier Eugène Firmin COLOMBE, boucher Germain FONTAINE, domestique Célestin Louis Etienne PIGNOT, boulanger Théophile RUOTTE, peintre Eugène Raoul VIDARD DE SAINT CLAIR, cultivateur
Le 3 janvier 1871, il était rapporté que l’armée ennemie, presque journellement, exerçait des réquisitions de toute nature, et qu’il y avait des difficultés de la part des habitants, pour fournir des chevaux et des voitures. Pour prévenir les inconvénients pouvant résulter de la résistance de certains particuliers, le conseil municipal décidait d’imposer de 6000 francs les habitants de Champeaux, pour payer les réquisitions faites avant ce jour et jusqu’au 15 février. Sur les 187 contribuables concernés, seulement 36 s’en étaient acquitté le lendemain !
Le 5 janvier 1871, le conseil municipal était informé de la dépêche du préfet prussien, enjoignant la commune, de fournir pour le lendemain, 3 voitures attelées d’un cheval chacune, devant être à 8 heures du matin sur la place de Corbeil.
Le 15 février 1871, la commune était frappée d’une contribution extraordinaire de 1664 francs, émanant du préfet prussien, Monsieur le Comte DE FURSTEINSTEIN, à verser au plus tard le 17 courant. Un rôle était dressé le même jour, dès 10 heures du matin, et la somme était versée en temps et en heure.
Le château d’Aunoy était occupé du 16 mars au 8 juin 1871, par six officiers et en moyenne trente soldats
A Champeaux, la présence des armées prussiennes peut être estimée jusqu’aux alentours du 9 juin 1871.
Les éléments d’occupation prussiens, ayant séjourné à Champeaux, appartenaient aux :
8ième et 11ième compagnies du 38ième régiment d’infanterie de fusiliers de Silésie 18ième régiment d’infanterie prussien Service d’ambulance du 6ième corps d’armée prussien 51ième régiment d’infanterie de fusiliers prussien 6ième régiment d’artillerie prussien
Le 15 novembre 1871, les dommages causés par cette invasion étaient estimés à 7356 francs.
Le procès-verbal du 25 juin 1872, des frais de cantonnement des prussiens chez l’habitant, postérieurement au 2 mars 1871, fait ressortir que 153 familles avaient été contraintes d’héberger des soldats étrangers. Ces frais de cantonnement étaient globalement évalués à 12 421,61 francs (1).
La grande guerre de 1914-1918, n’a pas laissé autant de trace écrite dans les comptes-rendus de conseil municipal, que la guerre de 1870. Fin novembre 1916, il était fait état d’une possible difficulté à se procurer du pétrole pour le moteur de la pompe d’adduction d’eau, et ce, surtout pour 1917.
En mai 1917, il était opéré un ravitaillement contrôlé en charbon. Messieurs les conseillers municipaux Emile GERALDY (adjoint depuis avril 1914) et Théophile CORNU, étaient absents, étant mobilisés ; le premier était de nouveau présent, lors de la séance du 12 août de la même année, alors que le second ne l’était qu’en juin 1919.
Fin 1917, les craintes concernant l’approvisionnement du pétrole de la pompe d’adduction d’eau, par monsieur Dufrenoy, sont toujours persistantes, puisqu’il était envisagé, si nécessaire, de faire appel à l’usine de Vernou, pour 1918.
Les difficultés pour se procurer du pain, étaient aussi préoccupantes, puisqu’en juillet 1918, le conseil municipal demandait à Monsieur le Préfet, de bien vouloir faire accorder une augmentation de 100 grammes de celui-ci, par personne, pour la période de la moisson, pour les vieillards et les travailleurs des champs.
En novembre 1918, malgré le ravitaillement contrôlé mis en place depuis mai 1917, il était évoqué une possible pénurie de charbon.
Le 14 juillet 1919, il n’y avait pas de bal populaire, sur la place communale; seul un vin d’honneur était offert aux militaires démobilisés.
La seconde guerre mondiale n’a pas non plus laissé beaucoup de traces dans les écrits municipaux.
Fin 1943, vu la pénurie de bois de chauffage, le conseil municipal décidait de faire abattre les peupliers de l’allée d’Aunoy. En juillet 1945, la commune se voyait allouer un contingent de 40 stères de bois de chauffage, augmenté d’une allocation de 250 stères par la commission cantonale, début 1946.
Le 10 décembre 1944, le conseil allouait, à la ville de Melun sinistrée, une somme de 2000 francs, pour l’année 1945 (2)
Le 9 juillet 1956, le conseil décidait la suppression de toutes les festivités prévues pour le 14 juillet, afin de consacrer l’argent allouée pour celles-ci, à l’envoi d’un colis aux 9 militaires, appelés et rappelés, stationnés en Afrique du Nord.
En juillet 1957, il y avait 12 soldats campéliens, stationnés en Algérie et au Maroc, et donc de nouveau pas de bal public le 14 juillet.
En juillet 1958, ils étaient encore 7 sur le sol d’Afrique du Nord.
Le jeudi 14 décembre 1961, 7 cars de C.R.S. attendaient l’arrivée de Ahmed Ben Bella, ex-adjudant de l’armée française, et un des chefs du F.L.N. algérien, accompagné de plusieurs de ses comparses de l’état-major du mouvement. C’était chose faite, à 9h 15′, lorsque trois hélicoptères Alouette, se posaient à proximité du château d’ Aunoy, où il y restaient prisonniers jusqu’en 1962.
Rappelons, qu’ils avaient été capturés lors du “détournement officiel”, en 1956, de leur avion sur Alger, alors qu’il reliait le Maroc à la Tunisie. Ben Bella était élu premier président de l’Algérie indépendante, en septembre 1962.
(1) 12441.61 francs de 1871 valant environ 286000 francs de 2000
(2) 2000 francs de 1944 valant environ 1950 francs de 2000